Odeur de cuir et de moleskine, machine à coudre ou aiguille de précision… Dans l’atelier de Florie Burel, situé avenue Coty à Lillebonne, le temps semble s’écouler à un autre rythme. Ici, chez Harley Grove, il n’y a pas de précipitation, et surtout pas de travail bâclé. On consacre le temps nécessaire à la perfection.

Ce n’est pas juste quelques mots jetés sur une page de publicité, c’est ce qu’attendent les clients. Quand on connaît la passion de certains, comme Thierry, pour leurs automobiles, on comprend vite que la sellerie est un peu la cerise sur le gâteau. Si la mécanique et la carrosserie peuvent se gérer en amateur, plus ou moins doué, l’habillage des sièges, du tableau de bord ou du ciel de toit peut vite tourner au naufrage.

À quelques jours du rendez-vous national des amateurs de mécaniques obsolètes, le salon Rétromobile à Paris (31 janvier-4 février), dénicher un artisan pour terminer sa restauration ou assurer l’entretien de sa moto ou de son auto ancienne fait toujours plaisir.

Une DeLorean pour commencer

Florie Burel est tombée dans la mécanique étant étudiante : « Enfant, j’étais plutôt branchée mode, stylisme… Ma mère travaillait dans la couture. » Mais son père, Joël, est passionné d’automobile. « Quand j’étais en école de mode après le Bac, je me suis vite aperçue que je préférais l’ameublement, la restauration des fauteuils. J’ai fait deux stages en tapisserie, puis en sellerie », explique Florie. À cette occasion, l’étudiante travaille sur l’intérieur d’une… DeLorean DMC 12 (celle qui servira de base à la Time Machine de Retour vers le futur). Excusez du peu !

Bouche à oreille

Un an chez un sellier de Provins pour confirmer ce goût pour les machines roulantes, et Florie Burel a décidé de sauter le pas en s’installant comme sellière indépendante. Elle a rapidement gagné ses galons et fait figure aujourd’hui de référence en Seine-Maritime. Pour en arriver là, il n’y a pas de mystère : le bouche à oreille est sans pitié mais sait aussi mettre en valeur les bonnes adresses.

Sur mesure

« J’ai commencé par des intérieurs pour des Hot Road, sur base de Ford 32, j’ai aussi travaillé sur une Buick des années 60. » Deux cas de figure différents. Pour la Buick, c’est une base de série, il faut donc retrouver les formes exactes des tissus. Pour le Rod, c’est de la création, donc du sur-mesure. Là, c’est le sens artistique qui complète l’expérience.

Entretien courant

Le livre des souvenirs de l’artisane est riche et varié, des Américaines, des Hot Rod, mais aussi des ancêtres comme cette Peugeot 1907 ou cette Chevrolet 1938. Une Mercedes 280 CE de 1970, à la carrosserie impressionnante, attend que sa moquette et son ciel de toit soient changés. L’entretien courant fait aussi partie des services de la maison. Un peu plus loin, ce sont des sièges de Honda S 800, de la fin des années 60 qui feront bientôt peau neuve.

Trois couleurs

« Je travaille toujours sur devis, et je n’utilise que les tissus ou les cuirs que j’ai sélectionnés », prévient Florie Burel. En fonction du projet, elle va coudre à la machine ou à la main. Ça a été le cas pour un étonnant volant de BMW dont les trois fils de finition reprennent les trois couleurs actuelles de Motorsport, bleu, bleu foncé et rouge. Pour la DS Chapron ou la Porsche 914-6 qui sont au planning, le choix des outils et des matières est encore secret.

Selon l’humeur

Quant à l’Opel Manta de 1978, garée dans un coin, c’est celle de Florie. Elle est dans son jus. « La restauration est prévue, mais il faut que j’aie un peu plus de temps », sourit la trentenaire. Florie Burel n’est pas qu’une artisane, elle est aussi une authentique passionnée, qui roule au volant de son ancienne, ou au guidon d’une de ses motos. Triumph 1950, Kawasaki W650 ou Suzuki Savage… C’est selon l’humeur.